Les freins et co-bénéfices de la décarbonation dans l’agroalimentaire
- Clara Michaud
- 7 août
- 3 min de lecture

Pourquoi peu d’entreprises s’engagent vraiment dans la décarbonation… alors que les bénéfices sont multiples ?
Alors que les enjeux climatiques sont plus pressants que jamais, la décarbonation du secteur agroalimentaire reste lente. Pourtant, les solutions existent, et les co-bénéfices sont réels : performance économique, attractivité RH, résilience stratégique...
Dans cet article, nous explorons les principaux freins rencontrés par les industriels, et les bénéfices souvent sous-estimés d’une démarche volontaire de transition bas carbone.
Des freins multiples, bien réels dans le secteur de l’agroalimentaire
La transition énergétique du secteur agroalimentaire est entravée par une combinaison de freins techniques, économiques, réglementaires, mais aussi socioculturels. La figure ci-dessous en dresse une cartographie claire.
Figure 1 : Cartographie des freins à l’efficacité énergétique dans l’IAA

Source : Elaboration PackGy à partir des publications de IEEE Explore (1) et Science Direct (2)
Les freins techniques sont liés à la complexité même des procédés de transformation : souvent en cascade, interconnectés et difficiles à modifier sans impacter la qualité des produits.
Les freins non techniques sont nombreux :
Économiques : coût élevé des investissements (CAPEX), perception d’un retour sur investissement trop long, forte fragmentation du secteur avec peu de mutualisation.
Technologiques : incertitudes sur les performances réelles, manque de données, habitudes difficiles à changer.
Sociologiques : faible sensibilisation, croyances ancrées, perception que le climat est une problématique trop lointaine.
Réglementaires : cadre politique instable, lourdeur administrative pour les PME, manque d’harmonisation sur les méthodes de comptabilité carbone.
À cela s’ajoute un problème spécifique à l’agroalimentaire : 80 % des émissions se situent dans le scope 3 (3), c’est-à-dire en dehors du périmètre direct de l’entreprise (matières premières, transport, emballages…), rendant leur réduction plus complexe à piloter.
Et pourtant, des technologies efficaces existent déjà. Par exemple, les pompes à chaleur industrielles haute température, capables de produire de la chaleur jusqu’à 160 °C avec un rendement énergétique (COP) de 2,5 à 4, sont de plus en plus matures. Combinées à la récupération de chaleur fatale, ou à des sources comme la géothermie ou le solaire thermique, elles permettent de valoriser des flux énergétiques inexploités tout en réduisant la dépendance aux énergies fossiles. (4)
Des co-bénéfices souvent invisibles… mais puissants
Face à ces obstacles, une bonne nouvelle : les bénéfices d’une stratégie de décarbonation sont bien plus larges qu’on ne l’imagine.
Figure 2 : Les avantages d’une stratégie de décarbonation dans l’industrie

Source : Elaboration PackGy à partir des accompagnements PACTE Industrie de l’ADEME
Les co-bénéfices identifiés touchent à plusieurs dimensions :
Économique : réduction de la facture énergétique, anticipation des hausses du prix du carbone et des exigences des grands donneurs d’ordre (CSRD), accès facilité à certaines aides publiques.
Stratégique : adaptation aux impacts climatiques, amélioration de la résilience énergétique et matière, meilleure maîtrise de la chaîne de valeur.
Sociologique : engagement des équipes, valorisation de l’image de marque, attractivité RH.
Environnementale : réduction des GES bien sûr, mais aussi amélioration de la gestion des ressources, protection de la biodiversité, etc.
Prenons l’exemple du projet PrOMEES-Lait (Process Optimisés par des Méthodes d'Evaluation Environnementale Spécifiques), partagé par notre partenaire Valorial, qui illustre cette approche proactive : la filière laitière a anticipé la réglementation en développant un outil d’évaluation environnementale spécifique, basé sur la méthode européenne Dairy PEFCR. Une démarche doublement gagnante : meilleure mesure des impacts et différenciation sur le marché.
Transformer l’obstacle en levier stratégique
Décarboner, ce n’est pas seulement réduire son impact carbone. C’est renforcer sa performance globale, sa capacité à recruter, à innover, à résister aux chocs à venir. C’est aussi préparer son entreprise aux défis de demain. Cela suppose de dépasser une vision court-termiste pour raisonner en termes d’efficacité globale, de résilience et de durabilité.
Pour cela, il est essentiel de ne pas se limiter à une lecture purement comptable des émissions. Identifier les freins est une étape-clé pour y répondre avec les bons outils, au bon moment.
Chez PackGy, nous accompagnons les industriels pour identifier les freins spécifiques à leur activité, réaliser des audits ciblés, et activer des leviers adaptés. Car au-delà des chiffres, ce sont des choix stratégiques qui conditionnent la compétitivité future du secteur.
Vous souhaitez approfondir le sujet ?
Sources :
IEEE Xplore ; Review of Energy Efficiency Technologies in the Food Industry: Trends, Barriers, and Opportunities ; 6 mars 2020
Science Direct ; Towards carbon neutrality in the agri-food sector: Drivers and barriers ; 15 novembre 2022
L’ANIA